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La Norvège et le soleil de minuit: Mo i Rana

L’arrivée dans le nord 

 

 6h00 du matin, on a quasi pas dormi. Les yeux bien secs, le nez qui mouche, on arrive bel et bien au milieu de nul-part. Nul-part ville. Un rond point, un arrêt de train, un taxi et probablement un degré au thermomètre (on est le 15 mai). Ça s’annonce bien. Après trente minutes, on réalise que nos hôtes sont en retard, bien en retard. Le réseau de notre téléphone ne marche plus, on est bel et bien nul-part. Mais la chance nous revient quelques minutes plus tard, ça marche à nouveau, ça sonne. « We’ll be there in 30 minutes, we overslept sorry ! » On dirait bien qu’ils sont relaxes nos hôtes. Ça rassure et surtout ça nous laisse le temps de penser. As-tu déjà remarqué que la lettre « C » ici, ça n’existe pas? Regarde là et là, puis là aussi. 

 

The Country with no “C”

Portez attention quelques instants à la lettre « C ». Elle est bien banale à priori, mais en soit, c’est une lettre sournoise. Quand il lui plait, elle hisse comme un serpent et parfois elle fracasse comme un coup de karaté. Parfois elle précise sa façon, mais certes, plus souvent qu’autrement elle suppose qu’on la connait bien. Elle démontre plutôt que de s’approprier et quelques fois, quand l’humeur lui convient, elle vient accompagné. Mais cette lettre qui en cache plus que l’on croit, n’est pas présente d’origine dans toutes les langues qui utilisent notre alphabet latin. En Norvège, la lettre « C » (comme plusieurs autres, dont le fameux « y » rejeté de tous) n’existe pas dans ses origines linguistiques. [sws_picture_frame11 src=”http://marouflee.com/wp-content/uploads/utskarpen_2012_0137.jpg” title=”Notre première partie de pêche” alt=”Notre première partie de pêche” align=”sws_frame_left” lightbox=”1″ album=”album”] [/sws_picture_frame11] Et du coup, des mots banales et tout simple comme centre nous semble un peu loufoque orné d’un s; sentrum. Que dire de kaviar (caviar), qui semble prendre une origine russe. Il y a aussi kontakt (contact) qui parrait un peu trop exagéré et quasi vantard. Ou bien notre populaire kafè (café) qui se donne un air pet-pet, bien habillé avec son haut chapeau. Et la liste est longue. Il est facile de remarquer, avec ces quelques exemples, que les norvégiens ne se compliquent pas la vie à savoir si la prononciation du « C » doit être s ou k. Ça se prononce comme ça s’écrit, tout simplement.

Toutefois, ils ne peuvent échapper à la décoration farfelu de leurs voyelles. Le plus cool, à mon humble avis, c’est le ø, comme dans Bodø. Peut-être parce qu’il est simple à prononcer, comme -eua en français, ou tout simplement parce qu’il look cool avec sa barre qui le traverse. Il y a également le å, comme dans Åsta’s Kafè qui se prononce comme un -oa. Il est un peu trop angélique et lèche-botte à mon goût, mais bon il fait partie du nom de l’endroit qui hébergera nos prochaines aventures. Je ne peux donc faire autrement que de m’y accoutumer et d’apprendre à le côtoyer.

 

Retour à l’histoire

Åsta’s Kafè c’est un rêve réalisé, un projet tout nouveau tout beau, un petit café au bord de l’eau appartenant à notre hôte, Silje (qui se prononce -sylvia). À quelques dizaines de kilomètres du cercle polaire, au beau milieu des fjords norvégiens, perché entre montagnes et mer, entre le blanc hivernale des purs sommets montagneux jusqu’aux couleurs printanières des collines verdoyantes, elles-mêmes entrelacées de bleu, de vague et d’air salin. C’est ici, le temps d’un printemps, à Utskarpen, que nous avons décidés de poser nos sacs. Situé dans le Nordland de la Norvège, Utskarpen, est un de ces villages qui abordent le Bienvenue/Au Revoir sur le même panneau. Ce bled est accessible par lignes ferroviaires de sa capitale, Oslo, qui dessert un arrêt furtif dans la ville la plus proche et la plus moche des alentours, Mo i Rana. Ville minière fondée par le gouvernement dans les années 50, Mo i Rana porte bien son nom. C’est un trou perdu, une village de gens moches, de gens qui louchent, mais bon passons, on à tous ce genre de village chez soi.

[sws_picture_frame11 src=”http://marouflee.com/wp-content/uploads/utskarpen_2012_0003.jpg” title=”Journée de festivité, la seule de l’année selon nos hôtes” alt=”Journée de festivité, la seule de l’année selon nos hôtes” align=”sws_frame_left” lightbox=”1″ album=”album”] [/sws_picture_frame11]

Donc, Utskarpen, qui surprenant, (essaye-le) sonne très bien en bouche et est très agréable à prononcer. Ce genre de mot ou nom, appelez ça comme vous voulez, qu’on ne peut s’empêcher de répéter encore et encore et qui après un certain temps reste coincé facilement dans notre cerveau (vous verrez). Disais-je, à Utskarpen, ça sent le frais, ça oxygène les poumons, ça tranquillise le cerveau, ça calme, ça repose, ça fait du bien à l’esprit. Au beau milieu des orignaux, des saumons, des renards et des perdrix, on s’occupe à faire revivre ce petit coin de paradis. Car vraiment, on ne donne pas cher de la région. Tous les norvégiens qu’on a rencontré depuis notre arrivée, ne semblaient pas comprendre notre choix de venir ici. On nous regarde d’un comment, pourquoi, avec de grosses faces d’incompréhension, de rire sournois, de simagrées intrigués et de grimaces de toutes sortes. Bref, on ne comprend pas pourquoi on vient se perdre à Utskarpen.

Voilà donc le but de ce charmant petit projet, revigorer les services offerts aux touristes dans la région pour redonner une réputation convenable à ces paysages formidables. Beaucoup, beaucoup, beaucoup moins connu que les îles du Lofoten (le spot touriste un peu plus au nord),Utskarpen s’en tire très bien côté paysage. Moins condensé et grandiose que sa rivale je vous l’accorde, mais tout de même, ce vaste territoire a tout pour plaire à notre petit monsieur ou madame plein-air intérieur. Randonnées diverses, kayak de mer, camping sauvage, refuge pour une nuitée, pêcher n’importe où, n’importe quand, sans permis, prend ta canne et pêche, balade à vélo, moto, bateau, name it, ici tu peux le faire. Le but du café donc, est de ralentir le mouvement touristique afin qu’ils se rendent compte de la beauté et de la diversité des lieux. De redorer l’opinion globale de la région et ainsi créer, dans un futur assez proche, de nouvelles installations touristiques. C’est toujours agréable de participer à un projet, surtout quand ce projet est intéressant. En gros, notre quotidien ressemble à : on brosse, on lave, on peint, on expérimente, on relaxe, on s’amuse et on passe du bon temps.

 

Introduction au soleil de minuit

Sachant qu’on nous pose beaucoup la question ces temps-ci, je vous donne une bonne raison qui justifie bien le pourquoi de notre pays d’accueil, c’est le soleil de minuit (midnight sun). C’est à vivre une fois dans sa vie. Comment expliquer. C’est un peu comme si depuis une semaine, on a l’impression que c’est la même looooongue journée entrecoupée de siestes. En fait, on est encore au début du printemps, et l’effet du soleil de minuit n’est pas encore totalement présent. Plus on se rapproche du solstice d’été, plus les effets de clarté constante ce feront sentir. Pour l’instant, il fait clair, comme en plein jour ensoleillé, de 4h00 du matin jusqu’à 22h00 du soir. De 22h00 à 4h00, la clarté ressemble à celle d’une journée grise et nuageuse. Il fait donc clair tout le temps, et du coup, aucun besoin de lampe ou lumière, autre que pour lire ou ambiancer une pièce.

[sws_picture_frame11 src=”http://marouflee.com/wp-content/uploads/midnight_sun_0045.jpg” title=”Une de nos premières expériences du soleil de minuit perché dans notre cabane au bout du monde” alt=”Une de nos premières expériences du soleil de minuit perché dans notre cabane au bout du monde” align=”sws_frame_left” lightbox=”1″ album=”album”] [/sws_picture_frame11]

Le jetlag c’est tellement 2011, le soleil de minuit ça, ça perturbe le sommeil! Solution possible : dormir avec un bandeau. Pour mon cas, on oublie. Le fait de me sentir comme une vieille bonne-femme qui se prépare des morceaux de concombres avant d’aller au lit, c’est pas trop mon style. De toute façon, on nous dit qu’on s’habitue à la lumière constante. On verra bien. Pour l’instant, je préfère me dire que l’idée est intéressante plutôt que de m’attarder sur ses effets secondaires.

Car en tant que photographe, c’est un terrain de jeu idéal. On a du relief, de l’eau, des cabanes rustiques en vieux bois peintes de toutes les couleurs possibles et imaginables, aucune ligne droite et trop parfaite, pleins de tout croche. Du blanc pur, du bleu clair, du vert mordant, du rouge pétant. Et surtout, mais surtout, grâce à ce fameux soleil de minuit, des lumières, mais oh-my-god, des osties de lumière de ouf. Les nuages, le ciel ont tout deux tout l’espace désiré pour s’amuser, virevolter et s’exprimer. Le vent souffle, les vagues s’animent, le paysage danse devant votre rétine comme un film de National Geographic, à la différence près, que tout ça, c’est du réel. Du concret. Du wow! en vrac.

Voilà pourquoi il ne faut pas s’attarder au pourquoi du choix de destination. Il faut suivre son gutz, ses intuitions et arrêter de se poser ces mille et une questions inutiles. Fermer les yeux, mettre un pied devant l’autre et avancer, sans jamais s’arrêter. Rêver, explorer et continuer.

 

À suivre, mercredi prochain le 31 octobre… 

 

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